Le fjord du Saguenay, une histoire commencée il y a 350 millions d’années !

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Crédit photo : Cécile Hauchecorne

Un fjord, c’est un nom d’origine norvégienne désignant une vallée glaciaire envahie par la mer. Il existe donc deux conditions essentielles à l’appellation d’un fjord : le passage d’un glacier dans la vallée et que, suite à son retrait, la vallée soit envahie par les eaux salées d’une mer ou d’un océan.

Il y a 350 millions d’années, débutait un phénomène géologique qui aura une incidence capitale sur les paysages du Saguenay-Lac-Saint-Jean puisqu’il finira par créer un fossé d’effondrement gigantesque englobant une grande partie de cette même région. C’est ce que les géologues nomment le Graben* du Saguenay, ou si vous préférez, l’effondrement du socle rocheux entre deux failles majeures, celle de la rivière Ste-Marguerite et celle du lac Kénogami.

Pour bien saisir toute l’ampleur de l’histoire, reprenons depuis le début ! La Terre s’est formée il y a 4,6 milliards d’années, mais ce n’est que très récemment – à peine 200 millions d’années – que l’on a pu dater la fin de l’effondrement avec la création du graben du Saguenay. Cet épisode géologique se sera donc étendu sur quelques 150 millions d’années et provoquera l’effondrement en forme d’escalier géant qui façonnera le graben du Saguenay.

En géologie, un graben (terme d’origine allemande signifiant « fossé ») est un fossé tectonique d’effondrement entre des failles normales.

Lors de la dérive des continents et de la rencontre des plaques tectoniques, plusieurs fractures et failles se sont formées sur la croûte du bouclier canadien. L’importance de l’effondrement lors d’un graben est due à sa localisation entre deux failles majeures. Ainsi des failles de moindre incidence, puisque solitaires, auront tout de même façonné les paysages de la région avec les rivières Éternité, Saint-Jean, Petit-Saguenay et Sainte-Marguerite.

La glaciation du Wisconsin.

On dénombre à l’heure actuelle quatre périodes de glaciation et la dernière débute il y a 80 000 ans. Une glaciation, c’est un refroidissement de 5 à 8 degrés Celsius seulement. Les hivers sont alors plus longs et la neige qui n’a pas le temps de fondre s’accumule au sol.

Voici 18 000 ans, la glaciation du Wisconsin atteignait son point culminant avec un glacier recouvrant l’ensemble du Canada, une partie du nord des États-Unis, jusqu’au Wisconsin, d’où le nom ! La glace pouvait atteindre 3 à 4 kilomètres d’épaisseur. Sous le poids de cette immense couche de glace, la croûte terrestre s’affaissera d’environ 300 mètres sur tout le territoire du glacier.

À cette même époque, un déplacement tectonique formera, au fond de notre fameux graben, une faille majeure qui sera ensuite fortement érodée par le passage du glacier. C’est cette même faille qui accueillera quelques milliers d’années plus tard les eaux du fjord du Saguenay.

Crédit photo : Cécile Hauchecorne

Au lendemain de ce pic glaciaire, la température commence à se réchauffer et la région du Saguenay, il y a 10 000 ans, se retrouve libérée de ses glaces. Durant 2000 ans, la croûte terrestre se soulèvera tranquillement pour reprendre sa place, empêchant la mer d’envahir tout le territoire mais laissant dans son sillage les célèbres empreintes de ces chamboulements géologiques : le lac Saint-Jean et la rivière Saguenay avec son fjord s’étendant sur 105 kilomètres entre St-Fulgence à Tadoussac et pouvant atteindre, entre Rivière-Éternité et L’Anse-Saint-Jean, des profondeurs maximales de 270 mètres.

Ce sont ses marées de forte amplitude qui permettent au fjord d’accueillir l’eau salée du fleuve Saint-Laurent. Cette eau se trouve en dessous de l’eau douce provenant des rivières et du lac Saint-Jean.

L’histoire de la dernière glaciation se poursuit encore aujourd’hui puisque la Terre se relève de 3 à 5 mm par année dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.