Itha et Réginald nous racontent l’arrivée des Waltzing à Saint-Félix

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Itha et Réginald Waltzing dans leur maison de Saint-Félix-d'Otis

Itha est née en 1934 et son frère Réginald en 1931. Ces natifs de Saint-Félix n’ont quitté leur village que pour aller travailler. Lui était garde forestier et elle travaillait dans des maisons privées en ville. S’ils ont tous les deux atteint un âge vénérable, leurs souvenirs n’en sont pas moins restés intacts. En les rencontrant, on revit l’arrivée des premiers colons de Saint-Félix, ceux à qui le gouvernement donnait des terres en bois debout à défricher.

À 16 ans, Joseph, le grand-père d’Itha et Réginald, quitte l’Europe pour travailler sur les bateaux. Il débarque d’abord au Wisconsin où il rencontre sa future épouse, Émélia Munger de Laterrière, venue visiter ses frères. « Ils se sont mariés et très vite, ils ont eu deux premiers enfants. Et puis, ma grand-mère est tombée malade et le médecin lui a dit : si vous ne retournez pas chez vous, vous ne vivrez pas longtemps. Alors ils sont revenus au Saguenay et elle a vécu jusqu’à 97 ans ! » s’exclame Itha.

Puis c’est au tour de Réginald de se souvenir : « Mon grand-père Joseph était belge et sa mère, c’était une allemande. C’est le premier Waltzing qui est arrivé à Saint-Félix, dans les années 1900. Il ne voulait plus retourner dans son pays. La guerre, il n’en parlait pas beaucoup, c’était trop dur. Avec ma grand-mère, ils se sont installés sur le vieux chemin et c’est là qu’ils ont vécu. ».

Réginald possède toujours les lots de son père Émile, fils de Joseph. Il y a 3 ou 4 ans, il y faisait encore son bois de poêle : « Bûcher, ça me faisait plaisir et ça me tenait en forme. J’ai travaillé 46 ans dans le bois, j’ai commencé à 14 ans ! Dans ce temps là, le pays marchait droit ! Aujourd’hui, il y a quelque chose qui ne va pas. Pourquoi ? Je ne le sais pas ! Mais je crois que  les avocats qui nous gouvernent, ces faiseurs de lois, y sont pour quelque chose ! Il faudrait travailler ensemble, avec les gens de terrain, comme nous autres on faisait. Quand on travaillait, on était tout le temps en gang ! ».

La ferme où Réginald et Itha ont été élevés se trouve du côté de l’ancien chemin, sur le chemin Waltzing. Émile et Régina, leurs parents, ont eu 12 enfants, 11 de vivants. Dès l’âge de 5 ans, les petits commençaient à cercler les jardins, leur mère leur faisait faire des allées. C’est en arrachant les mauvaises herbes qu’ils apprenaient à jardiner.

« Nos parents nous ont bien élevés, fait que nous autres, on sait quoi faire ! Ils nous ont appris à respecter les autres et à travailler pour gagner ce qu’on a ! Ils nous ont aussi appris à faire notre travail au meilleur de notre connaissance. »

De Chibougamau à Casey, Réginald a vu du territoire. « Comme garde forestier, on faisait tout, du mesurage, de la préparation de chantier, on travaillait où est ce qu’il y avait de l’ouvrage, mais on revenait toujours à Saint-Félix. »

De son côté, Itha travaillait dans les maisons privées pour faire des ménages. « Dans ce temps là, les femmes restaient 40 jours au lit après leur accouchement, alors il y avait toujours d’autres femmes pour les aider. Faut dire aussi que les femmes, quand elles étaient rendues à leur 5e enfant, souvent tous en bas-âge, elles avaient besoin d’un coup de main ! »

Et quand on leur demande leur plus beau souvenir d’enfance, Réginald me répond les yeux brillants: « Ils ont tout le temps été beaux chère ! On ne peut pas demander plus beau que ça ! » et Itha de conclure : « Tous les ans, le père il avait son bœuf à tuer, ses deux cochons bien engraissés, de beaux jardins. Il attendait que la fête de l’Immaculée Conception du 8 décembre soit passée pour faire boucherie. Avant, les gelées n’étaient pas assurées. L’hiver, c’était un vrai congélateur et on n’a jamais manqué de rien ! »