Impossible de rester de marbre devant les paysages du fjord du Saguenay avec ses imposantes falaises et ses eaux sombres et profondes. Majestueux et intrigant, le fjord est l’un des trois écosystèmes protégés dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, la première aire marine protégée au Québec gérée par les gouvernements du Canada et du Québec, avec l’estuaire moyen qui longe les côtes de Charlevoix et l’estuaire maritime qui borde la Haute-Côte-Nord.
L’équipe de conservation de Parcs Canada cherche toujours à mieux connaître les particularités du fjord pour être en mesure de le protéger. Voici des projets qui s’y dérouleront cet été.
Étudier le comportement des bélugas depuis la rive
L’histoire du parc marin est intimement liée à celle du béluga du Saint-Laurent et le fjord y joue un rôle de premier plan. Environ 50% des adultes connus de la population fréquentent le Saguenay et environ 67% sont des femelles.
Depuis plus de 20 ans, Parcs Canada réalise un suivi des bélugas à partir de différents lieux sur les rives incluant la baie Sainte-Marguerite et l’embouchure du fjord. Les chercheurs y photographient et notent le comportement des animaux ainsi que l’activité des embarcations et leurs interactions avec les bélugas. Dès juin, l’équipe reprendra ses observations à partir de la Halte du béluga, le belvédère surplombant la baie Sainte-Marguerite au parc national du Fjord-du-Saguenay.
Un béluga fait « la chandelle » dans la baie : la queue de l’animal sort de l’eau de façon perpendiculaire et le béluga tient cette position quelques secondes. C. Albuquerque/ ©Parcs Canada
Les données recueillies depuis le début du projet en 2003 ont permis de comprendre l’importance de cette baie pour le béluga. C’est un lieu de naissance et les femelles y élèvent leurs jeunes et leur apprennent à communiquer et à chasser. Les eaux calmes sont propices aux apprentissages.
Depuis 2018, la baie Sainte-Marguerite est fermée à la navigation l’été. Les navigateurs, qu’ils soient à bord d’embarcations à moteur ou à voile, doivent circuler hors de la zone interdite qui se trouve à l’intérieur de la baie. Les pêcheurs et les kayakistes suivent un trajet précis lorsqu’ils accèdent à la baie. La mesure connait un succès : le nombre d’embarcations dans la baie est passé de 40% (avant 2018) à 6% (2020) ce qui veut dire que les bélugas y sont de plus en plus tranquilles.
À une trentaine de kilomètres en aval, un suivi similaire prend place dans les hauteurs du Centre d’interprétation et d’observation de Pointe-Noire surmontant l’embouchure du Saguenay. Malgré ce que la photo présente, l’embouchure est loin d’être calme. Le trafic maritime est intense l’été, ce qui augmente considérablement le bruit sous-marin et les risques de collision. Pour cette raison, la vitesse maximale y a été réduite du 1er mai au 31 octobre. Cette action déroule directement du suivi mené depuis la rive à Pointe-Noire et le respect de la limite de vitesse s’améliore avec les années.
Trouver et compter les phoques communs
Au retrait de la marée, les phoques communs s’échouent régulièrement sur les rochers. C’est le repos avant de repartir chasser. C’est aussi là qu’ils muent, se reproduisent, mettent bas et prennent soin des petits. On les voit souvent aux caps Éternité et Fraternité et de plus en plus souvent en aval.
Tout comme le béluga, le phoque commun vit à l’année dans le Saint-Laurent. Pour connaitre son abondance et sa répartition dans le parc marin, Parcs Canada, en collaboration avec la Sépaq, effectue un suivi de l’espèce depuis 2007. Les deux équipes, à partir de leurs embarcations ou de la rive, dénombrent les phoques communs aux sites d’échoueries. D’ailleurs, cet été, vous remarquerez peut-être l’équipe de Parcs Canada réaliser cette étude à bord du nouveau bateau: le Uapameku (qui signifie béluga en Innu-aimun).
Surveiller les espèces aquatiques envahissantes
Les activités comme la plaisance, la marine marchande et la pêche sont susceptibles d’introduire des espèces aquatiques — animaux ou végétaux — dans de nouveaux milieux. Elles deviennent des prédateurs ou des compétiteurs aux espèces indigènes et peuvent transmettre de nouvelles maladies au détriment des écosystèmes et des activités qui en découlent. Elles sont déclarées « envahissantes ».
Depuis 2017, Parcs Canada, avec Pêches et Océans Canada, récolte des échantillons à différentes entrées du parc marin dont le quai de Grande-Anse et la marina de L’Anse-Saint-Jean pour détecter la présence d’espèces non locales. Les chercheurs utilisent des collecteurs, c’est-à-dire une série de supports permettant la fixation des organismes. Toutefois, avec cette technique, seules les espèces non mobiles sont ciblées. Afin d’affiner le portrait, les chercheurs utilisent depuis 2021 la méthode de l’ADN environnemental. L’équipe emploie aussi des filets à phytoplancton et zooplancton pour compléter ses analyses.
Pour le moment, aucune espèce aquatique envahissante n’a été détectée dans le parc marin incluant le fjord, mais une surveillance d’un plus grand nombre de sites et l’utilisation de différentes méthodes seront nécessaires pour statuer si ces espèces sont présentes ou non.
Pour connaître les actualités du parc marin et les recherches menées par l’équipe :