Les écoles de rang Petit-Saguenay

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À mesure que les villages se sont développés, des rangs se sont ouverts selon les dispositions géographiques. De plus en plus de gens défrichent, essouchent, labourent, sèment et quelques familles s’installent ainsi progressivement. Pour assurer la main d’œuvre et satisfaire aux principes de l’Église, les naissances sont nombreuses. Et de cette croissance démographique nait un besoin : l’éducation. Alors apparait dans chaque rang une petite école. Dans le rang Saint-Louis (Grosse-Iles) une école, Saint-Étienne deux écoles, Saint-Antoine deux écoles et Saint-Jean-Baptiste (Cabanage) une école.

Le principal problème était le recrutement du personnel enseignant qui, en réalité se résumait en une personne : une maîtresse d’école. Celle-ci, qui souvent ne possédait que le minimum de formation, devait composer avec des enfants de 6 à 16 ans dans le même local et ce, sans le matériel nécessaire. De plus, son titre impliquait la fonction de concierge : entretien du local et surtout en hiver chauffer le poêle tôt le matin avant d’accueillir les élèves. Et tout ça pour 15.00$ / mois.

Plusieurs étudiants avaient une bonne distance à parcourir à pied, souvent dans des chemins boueux ou dans la neige jusqu’à la ceinture. Certains en profitaient pour visiter leurs collets à lièvres, d’autres pour ramener de la truite le soir à la maison. L’hiver, le dîner se passait à l’école même. Agglutinés autour du poêle, les enfants grignotaient leurs beurrées de sirop noir ou de creton gelées dans le fond de leur petite chaudière en métal.

Le printemps ramenait un peu de gaité et de chaleur dans le cœur des jeunes qui avaient réussi à suivre mentalement, souvent sous la crainte d’un coup de règle de la maîtresse, dépassée par la lourdeur de la tâche. Le mois de mai (mois de Marie) donnait à l’école son statut de Petite Église. En effet, chaque soir, les habitants s’y rendaient pour rendre hommage à la vierge. C’était le cœur des rangs qui vibrait alors, et aussi l’occasion de se mettre à jour dans les dernières nouvelles. Mais les temps changent, les budgets obligent. On ferme toutes ces pouponnières de gens extraordinaires et c’est alors qu’apparaissent Les grandes Jaunes, les premiers autobus scolaires que l’on nommait ainsi !