Aujourd’hui s’écrit un chapitre important du livre de notre histoire paroissiale, celui de la présence des sœurs Notre-Dame du Bon-Conseil à Rivière-Éternité. Elles sont arrivées en août 1951 et partiront définitivement en juin de cette année. Cette coexistence a duré soixante-cinq ans. Elles ont été pour nous les femmes fortes de l’Évangile et des aidantes naturelles. Quand les paroissiens vivaient des épreuves, leurs présences et leurs prières dans ces heures difficiles les rendaient plus forts et plus conciliants.
Rappelons-nous d’abord que notre village a accueilli les premiers colons en 1933, leur famille un an plus tard. Comble de malheurs, le 26 mai 1935, le feu a tout détruit : leurs camps en bois rond où logeaient les familles, les étables et les animaux, les meubles, tout, oui tout n’était que cendre et poussière, mais… le feu n’a pas détruit le courage et la détermination de ces 40 jeunes familles en provenance de L’Anse Saint-Jean. Ils ont rebâti maisons et étables, ils ont labouré la terre, semé le grain puisque le feu avait défriché et c’est avec plus de certitude, d’espoir et d’énergie qu’ils ont recommencé.
Les religieuses du Bon-Conseil sont arrivées 15 ans après la reconstruction et les premières arrivantes se souviennent qu’il n’y avait aucun arbre dans la montagne du village, seulement quelques repousses de conifères et de feuillus aux alentours. Les colons avaient structuré leur lieu de résidence autour des points d’eau et en 15 ans, ils avaient déjà rebâti la chapelle et la salle paroissiale; deux lieux d’ailleurs qui leur servaient d’école. Ils ont construit une autre école dans le rang St-Antoine. Heureusement, le magasin général et le presbytère ont survécu au feu. L’essentiel était là!
Mais ces colons faisaient des petits et les salles de classe étaient pleines. En 1948, le ministère de l’Éducation a décidé de bâtir au village une première école digne de ce nom. Une école qui comptait trois classes, de l’eau chaude, des toilettes et des lavabos; tout un luxe! Mais toujours pas d’électricité.
Puis l’année 1949 voit l’arrivée de notre premier curé, l’abbé Sylvio Aubé qui s’installe dans le presbytère. Un an après vint la construction d’un nouveau presbytère. À la mi-août 1951 arrive, devant le presbytère, un camion de déménagement : on ne sait rien, on n’a rien vu sortir du camion mais une rumeur court dans le village ! Enfin le dernier dimanche d’août, Monsieur le Curé est heureux de nous annoncer une belle nouvelle : « Chers paroissiens, nous accueilleront désormais des religieuses dans notre paroisse.’’
Imaginez le courage et l’abnégation de ces femmes qui quittaient Chicoutimi, ville électrifiée, pour venir faire du service en pleine campagne dans nos montagnes. Les adultes de mon âge se rappellent le cantique que Sœur Élie-Marie avait entonné et qu’avec joie et admiration nous avions chanté quand les lumières de nos classes se sont allumées. C’était à la fin de novembre 1951. Nous avions l’électricité !
À suivre…
NDLR : Pour souligner les 65 années de vie des sœurs Notre-Dame du Bon-Conseil, Noëlla Lavoie nous conte l’histoire de ces religieuses et de l’influence qu’elles auront sur la paroisse. Ce texte est le premier d’une série de trois.