Pauline Gagné et Victorien Lavoie, une maison, trois générations !

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Tous les deux natifs de Rivière-Éternité, Pauline et Victorien se sont rencontrés dans le rang Saint Antoine, en allant vers Saint-Félix. Les parents de Pauline, Nazaire Gagné et Thérèse Desgagné, y tenaient un magasin, collé à la maison.« J’ai été élevée là, et la sœur de Victorien, Noëlla, elle restait dans le logement en haut de chez nous. C’est comme ça qu’on s’est connus. Nous autres, on avait un magasin général, il y avait une table de pool, un juke-box, et Victorien venait veiller ! J’avais 18 ans quand je me suis mariée, Victorien 22 ans ! C’était le 15 octobre 1966. »

Les parents de Pauline, Nazaire Gagné et Thérèse Desgagné, tenaient un magasin général, collé à la maison.

De son côté, Victorien Lavoie a passé sa jeunesse au cœur du village de Rivière-Éternité, derrière l’église. « Mon père, Adélard Lavoie, venait de L’Anse-Saint-Jean et ma mère, Germaine Gagnon, du rang Saint-Étienne à Petit-Saguenay. Mon père et ma mère, quand ils se sont mariés, ils sont restés un an ou deux chez madame Mélanie, sur le chemin des Côteaux à L’Anse. Il l’appelait Mélanie à pipe, elle avait une maison à 2 loyers et ils restaient en haut. C’était en attendant que ça ouvre à Rivière-Éternité. Madame Mélanie, elle avait deux garçons, Isidore et Narcisse, et elle a jamais voulu qu’ils se marient ! Son mari, Grégoire Côté était mort jeune, elle avait besoin d’eux ! »

C’est le 15 octobre 1966 que Pauline et Victorien se sont mariés dans l’église de Rivière-Éternité.

La Fabrique elle courrait notre lot !

Quand Adélard a reçu son lot à Rivière-Éternité, il a bâti une petite maison pour sa famille mais ils n’y sont pas restés longtemps. « Là où il y a le garage de Jacques maintenant, c’était notre lot avant ça, mais la Fabrique est arrivée, elle a dit : Nous autres, on se bâtit icitte, tu vas changer de lot ! On en a eu un autre lot, de l’autre bord du chemin, mais l’école, le presbytère, la municipalité, le magasin, ils se sont tous installés là. La Fabrique elle courrait notre lot ! Mon père le vendait par ti boute ! »

Adélard a rebâti une maison un peu plus grande, de l’autre bord du chemin, avec les matériaux de la première. Celle-là même où vivent Pauline et Victorien actuellement.

On héritait de la terre et de la maison, mais il fallait le gagner autrement dit!

Victorien, sa sœur France qui est restée 8 ans avec eux, Adélard le père de Victorien, Pauline, Sylvie et Mario, les deux premiers enfants, et Germaine Gagnon, la femme d’Adélard.

À son mariage, Pauline a donc quitté Saint-Antoine pour venir vivre avec Victorien au cœur du village. « Quand je suis arrivée, jeune mariée dans la maison, il y avait France, la jeune sœur de mon mari qui avait 10 ans à l’époque, elle est restée jusqu’à son mariage, à 18 ans, et les beaux-parents, Adélard et Germaine. Son père à Victorien, il lui a donné la terre et la maison, et dans ce temps-là si tu acceptais, ça voulait dire que tu restais avec les parents. Ils sont restés 35 ans avec nous autres ! Sa mère Germaine, elle est décédée jeune, à 70 ans, mais son père a vécu jusqu’à 94 ans ! On héritait de la terre et de la maison, mais il fallait le gagner autrement dit ! »

Avant ça, c’était ça !

Victorien de poursuivre : « Nous autres on s’est mariés, pis on est restés icitte dans la maison, avec mon père Adélard ! Au lieu d’avoir des maisons de vieux, ben avant ça, c’était ça ! En 1982, j’avais fait une rallonge pour lui et après qu’il ait été mort, j’l’ai démanché, mais de 66 aller à 82, on est restés avec eux autres ! On a élevé nos 5 enfants pis on les a élevés avec eux, trois générations sous le même toit ! Mon père, il aimait bercer les bébés, et moi je travaillais en dehors, alors c’est lui aussi qui s’occupait des animaux. On avait les cochons, des poules, des moutons, des dindes, des vaches, j’étais marié et on avait ça encore ! »

Monsieur Adélard et son petit-fils Jean-Nicolas : « mon père, il aimait bercer les bébés, et moi je travaillais en dehors. »

Le père de Victorien était bûcheron, mais il avait aussi sa boutique de forge, collée à la maison. « C’est toute lui qui ferrait les chevaux qu’il y avait icitte à Rivière-Éternité, il y en avait quasiment 100 ! Moi j’ai pas appris mais j’ai viré le feu en masse ! J’aurais pu être forgeron, mais il y en avait plus des chevaux, c’est les machines qui sont arrivées ! »

Le curé, il savait toute !

Sa jeunesse, Victorien l’a passée en arrière de l’église. « On était à ras, c’est pour ça on était souvent là, presque tous les jours! Plus vieux, quand j’étais au ménage dans la grange, je pouvais plus aller à la messe du matin, juste celle du dimanche, mais j’y suis allé tellement souvent à l’église que maintenant, j’y vais plus ! »

Il se rappelle aussi que le curé avait une place centrale dans la communauté. « Lui là, il savait toute, s’il y en avait un que ça allait mal, il allait voir le curé, pour qu’il organise ses affaires. Comme la maison dont vous a parlé madame Georgette, je m’en souviens bien, j’y étais, j’étais garçon, on avait coulé le solage, le long de la rivière à l’autre boute! Ça arrivait pas souvent mais ça arrivait! »

Aller décharger la couverture de l’église, le petit toit de la sacristie, pelleter le chemin en avant de l’église pour que le curé sorte son char ! « Nous autres, on était deux gars icitte, pis des fois au printemps on faisait rien, alors le curé nous donnait des tâches, on les faisait pour pas une cenne ! On n’a pas été traumatisés pour autant ! »

Si l’église n’occupe plus la même place, l’entraide dans les communautés du Bas-Saguenay semble un héritage encore bien vivant aujourd’hui ! Tant mieux … et pour longtemps encore on l’espère !