Vivre le fjord en kayak, au fil de l’eau et de ses falaises reines, voilà ce qui nous unit. Depuis une dizaine d’années, nous pagayons de mai à octobre, par vents et marées. Nous sommes deux couples d’amis, Marie Brunet et Jean Lambert, Alain Héroux et moi. Nos amis pagaient en kayak solo et nous sommes en tandem. C’est plus sécuritaire d’être 4 personnes ou plus, en cas de soucis. Car, il faut savoir que le fjord est un dragon qui peut se réveiller à tout instant. Les conditions météo peuvent changer sur un dix cennes!
Quelquefois des touristes viennent et pensent que c’est comme un lac. Mais non, nous vérifions toujours la force du vent, la pluie à venir et les nuages. Nous utilisons une radio marine, qui transmet les conditions météorologiques révisées. Pagayer contre des hautes vagues déchaînées peut être dangereux. Il faut toujours demeurer conscient des changements et du danger.
Le deuxième point concerne les marées. Comme les rocs bordent le fjord, il existe peu d’endroits pour accoster. La marée fluctue de 3 à 6 mètres. Si vous arrivez à L’Anse Saint Étienne, à marée basse, c’est tout un travail. Il faut décharger le kayak et transporter les bagages. Ensuite transporter le kayak sur une longueur de 1 km. Alors, nous choisissons nos heures d’accostage en fonction des marées.
Les préparatifs sont importants; avoir une pompe, un ballon gonflable si on a besoin de remonter dans le kayak, une fusée de détresse, notre combinaison iso thermique, (Wetsuit) et bien sûr une veste de flottaison.
Avec nos copains d’expé, nous aimons partir quelques jours. Nous avons navigué de L’Anse Saint Jean à Saint-Félix, en suivant la marée montante. C’était août et le soleil nous a gratifié de ses chauds rayons. Nous nous sommes baignés! Ce qui est rare, compte tenu de l’eau fraîche! Sur la photo, de belles vagues nous propulsaient à un moment.
Rendus sur l’eau, la beauté du paysage nous happe, remplit nos yeux et apaise notre âme. Pagayer se compare à une méditation en mouvement, à un recueillement sur la complicité avec la nature et au respect de sa force. Les rochers encadrent ce fjord profond à l’image de géants. Le roc se compose de plusieurs couleurs et des pins s’agrippent à leurs cavités en des endroits inusités. Quelquefois lorsque l’eau est calme, les parois se reflètent dans le miroir de l’onde.
Avec nos copains d’expé, nous sommes descendus de L’Anse-Saint-Jean à Baie-Sainte-Catherine, en réservant les plateformes de camping du Parc national du fjord-du-Saguenay. Ce petit voyage se déroula sous une pluie fine, mais fut très agréable. Sous nos wetsuits, on n’a pas froid. Vers le fleuve, nous pouvons voir des animaux, comme des phoques, des bélugas et même un rorqual, près de pointe à Passe Pierre.
Lors de chaque sortie, je demeure émerveillée du relief grandiose, du ruisseau secret des Anses et du silence majestueux. Avec mes chers copains d’expé, la bonne humeur est au rendez-vous. Nous discutons du sort du monde autour du feu. La complicité, la connivence et la communion magnifient les paysages. Nous rigolons et vivons le fjord, tout simplement, humblement.