La Régie Intermunicipale de Sécurité Incendie du Fjord (RISIF)

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Les pompiers à temps partiel Frédéric Thibault et Keven Gagné. Crédit photo : Jeannot Lévesque.

Un rôle primordial à la sécurité de nos communautés.

Rencontre avec Keven Gagné, pompier depuis 15 ans et André Couturier, directeur général depuis décembre 2022.

La RISIF est née en avril 2017. Sa mission de base, comme son nom l’indique, c’est bien sûr les incendies, mais sa palette d’intervention est bien plus large : accidents routiers, sauvetages hors routes, sauvetages nautiques, sur glace, inondations, feux de forêts, arbres sur les lignes électriques, etc.

« En fin de semaine, il y a eu une situation au Parc à Rivière-Éternité, dans le sentier de la statue, une foulure à la cheville, m’explique Keven Gagné, qui était alors l’officier de garde. On a assisté les Garde-parc lors de l’extraction du sentier. Dans ce temps-là, on y va d’un commun accord avec la SEPAQ. Pour ce genre d’intervention, ils ont dernièrement acheté une civière sur roue qu’ils ont fait venir d’Europe, une civière tout terrain en quelque sorte, avec une roue de vélo au centre. On est capables de bien la manœuvrer, même dans des sentiers abrupts comme au Parc. »

Ce type d’opération, il y en a une ou deux par année. Mais pour ce qui est du taux d’intervention annuel de la RISIF, jusqu’en 2021, il se tenait autour de 80 à 90 interventions par année. En 2022, il y en a eu 133, et cette année, en date du 11 septembre, les pompiers de la Régie ont déjà répondu à un peu plus de 120 appels au 911 !

 

Les pompiers à temps partiel

L’équipe de pompiers à temps partiel de la Régie, c’est 57 personnes, dont 8 officiers. Il y a toujours un officier de garde sur le territoire, autant de jour que de nuit, ou de fin de semaine. Il couvre tous les appels ainsi que leur gestion. Il y a également deux pompiers à temps plein de jour de semaine, Maxime d’Amour et Martin Gagné. « Avec deux pompiers permanents, cela permet d’assurer une standardisation, une homogénéité, la mise à jour des équipements, des camions, des outils, pour qu’à chaque instant, tout soit opérationnel ! », précise André Couturier, directeur général au RISIF depuis décembre 2022. « Être pompier à temps partiel, au niveau légal, cela demande de suivre 36 heures de formation obligatoire, puis il y a une pratique par mois, qui touche différents volets (désincarcération, assistance respiratoire, etc.). Enfin, des perfectionnements comme le sauvetage hors-route ou sur glace, ce sont des 8 heures qui s’ajoutent pour chacune des spécialités. »

Avant les débuts de la Régie, quand chacune des municipalités du Bas-Saguenay gérait son propre service incendie, il y avait des enjeux d’équipements, de budget, d’effectifs et du coup de sécurité. « C’est là qu’on s’est assis avec les municipalités, se souvient Keven, en signifiant notre désir de créer une structure qui permettrait au Bas-Saguenay de se doter d’un service fiable et efficace. Même s’il y a beaucoup moins de pompiers qu’avant, au début de la Régie, on était 78, et qu’entre nos deux municipalités aux extrémités, il existe une distance de 131 kms, ce sacré défi logistique on peut dire qu’il est relevé maintenant ! » Regrouper les divers services en une seule organisation est maintenant plus optimal pour les gens du Bas-Saguenay.

Comme dans toute organisation, il y a à la Régie un noyau solide et stable qui intervient régulièrement. Idéalement il faudrait que tous les pompiers puissent ainsi s’impliquer mais ressort ici la réalité du volontariat ! Ce noyau permet cependant de respecter le schéma de couverture de risque, le délai et le nombre de pompiers requis pour tel type ou tel autre type d’intervention !

Lors d’un appel au 911, c’est l’officier de garde qui va gérer la situation. Keven Gagné précise : « On commence pompier, et après ça, on gradue dans l’organisation. L’intérêt et la disponibilité font qu’il y a des pompiers qui se démarquent et qui sont approchés pour être lieutenant éligible. Il faut alors faire une formation au Cégep de Chicoutimi, pour devenir Officier Non Urbain (ONU – 160 heures de formation), qui correspond aux besoins des petites municipalités de moins de 5000 habitants. »

André Couturier, directeur général depuis décembre 2022.

Devenir pompier quand on a une vie de famille, un travail ?

« Du côté du travail, il y a une loi au Québec qui fait que l’employeur se doit dans certaines circonstances de te libérer, poursuit Keven. Mais c’est aussi un choix qui se fait en famille, parce que la petite famille, faut qu’elle accepte que tu partes, que ce soit Noël, la fête du petit, que ce soit le soir quand les enfants ne feelent pas ! Les officiers sont de garde une fin de semaine sur 8, donc on le sait un an d’avance et on s’organise en fonction ! » Les pompiers, tout comme les officiers donnent leurs disponibilités et la Régie assure une cédule de planification

Le 1er juillet.

Keven Gagné, officier de garde cette fin de semaine, était déjà sur les lieux. « J’ai un chalet du côté de Rivière-Éternité, sur le rang Ste-Thérèse. Quand j’ai vu la pluie tomber, je me suis dit : il va arriver quelque chose, c’est sûr. Avec mon collègue Frédéric Thibault, on n’avait même pas eu encore d’appel, mais dès que la pluie s’est calmée, on s’est mis en route pour se rendre au village. Et aussitôt qu’on a rejoint le bord de la rivière, ça débordait de partout, c’est là qu’on a déclenché l’appel au 911 ! Le territoire était coupé en deux au niveau de la 170, mais on avait déjà 4 pompiers dans le cœur du village, et ceux de L’Anse ont couvert le haut. »

« C’est des journées très émotives mais c’est des journées qui … qui viennent nous rappeler pourquoi on fait notre travail de pompier. C’est là que tu te fais dire que tu es vraiment à ta place ! »
Savoir garder la tête froide, règle numéro 1 pour ne pas se mettre dans le trouble, me confie Keven : « Oui c’est un métier risqué, un métier où est-ce qu’on joue avec le danger, et faut savoir calculer le facteur de risque. Ce jour-là, on a comme poussé la limite un petit peu plus loin. On était bien assurés tout de même, on avait pris les moyens de base, on était attachés et on avait nos vestes de flottaison. Avec la Régie, on est super bien équipés. Cet événement serait arrivé avant la formation de la Régie, on n’aurait pas pu faire face à ça, on n’aurait pas pu sauver ce monsieur là, ça c’est sûr ! »

Le camion, faut qu’il démarre !

Comme dans toute fusion, les débuts ont été plus difficiles, avec par ci par là quelques différends, mais depuis, la situation a grandement évolué et un pompier volontaire, peu importe d’où il vient, se sent responsable de la sécurité de l’ensemble des citoyens du Bas-Saguenay. « Avant la Régie, je n’avais pas la conscience tranquille. Quand j’étais de garde, je ne savais même pas si j’avais le nombre de pompiers requis, et je n’étais pas équipé pour aller affronter ce que j’avais à affronter ! Maintenant, on a un excellent service dont les gens peuvent être fiers. Ils peuvent dormir l’esprit tranquille, avec une équipe de pompiers formés et du matériel efficace pour les protéger ! », conclut Keven Gagné.

De son côté, André Couturier en bon gestionnaire sait bien qu’il va falloir travailler au recrutement : « Au début de la Régie, on était 78 ! Notre objectif serait de revenir à un nombre de plus de 70 pompiers, cela éviterait que ce soit toujours le même noyau, les mêmes gens qui donnent du temps. Comme le mentionne Keven, une implication comme pompier/pompière est valorisante, sachant qu’elle vient en aide à ses concitoyens. Autre préoccupation qu’il faut savoir anticiper, les véhicules vieillissent, comme les 5 autopompes qui sont toutes de la même année, donc on prépare une planification, on ne peut pas penser qu’on va les remplacer en même temps ! La Régie se dote justement actuellement d’un plan stratégique pour planifier ces investissements », termine le directeur général confiant.

Pour toute information, vous pouvez visiter le site www.risif.com ou appeler au numéro 418-544-3114. Merci à ceux et celles qui aimeraient se joindre à l’équipe.