Nos matières résiduelles nous coûtent cher !

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Une jeune femme essaye directement un canapé au ventre de tri de Petit-Saguenay
Azure trouve son bonheur à l'écocentre de Petit-Saguenay.

Mais il y a des moyens d’économiser…

Certains se rappelleront avec nostalgie l’époque où chaque municipalité collectait les déchets avec son propre camion pour aller jeter le tout dans un trou béant. On ne se posait pas trop de questions : tout allait à la même place et comme par magie le dépotoir prenait feu à l’occasion. J’ai moi-même, le temps d’un été, participé à la collecte des matières résiduelles de L’Anse-Saint-Jean, bien accroché à l’arrière du camion municipal avec une douce brise dans le visage. Fallait pas avoir veillé tard la veille !

À cette époque, les coûts de la gestion des matières résiduelles étaient une fraction de ce qu’ils sont rendus aujourd’hui. En 20 ans, pour Petit-Saguenay, c’est passé d’environ 15 000 $ à 205 000 $ par année. C’était avant que l’État québécois ne serre la vis parce qu’il avait convenu que le lixiviat, cette espèce de liquide noir et visqueux qui est aujourd’hui collecté puis traité au lieu d’enfouissement technique d’Hébertville-Station, risquait de se retrouver dans nos nappes d’eau souterraines.

Aujourd’hui, la Loi sur la qualité de l’environnement prévoit que toutes les MRC doivent se doter d’un plan de gestion des matières résiduelles (PGMR), qui détaille les actions qui seront réalisées pour réduire l’enfouissement des déchets. Le cadre règlementaire en vigueur inclut des objectifs de valorisation – un taux de recyclage de 75% des matières recyclables et un taux de compostage de 60% des matières organiques – ainsi qu’un ensemble de redevances et de compensations, dont une partie est versée aux municipalités en fonction de l’atteinte de ces objectifs.

tapis roulant et empoyés au travail dans le nouveau centre de tri de Chicoutimi
Le nouveau centre de tri de Ville Saguenay récupère 90 % du contenu de nos bacs de recyclage.

Adopté en 2023, le PGMR de la MRC du Fjord-du-Saguenay propose une série de mesures qui vont de l’aménagement d’un réseau d’écocentres partout sur son territoire à la mise en place de la collecte des matières organiques, en passant par l’optimisation de la gestion des matières résiduelles dans les commerces. Ces mesures donnent des résultats mitigés, puisque la production de déchets continue d’augmenter, alors que les ménages consomment de plus en plus et que la participation au compostage demeure bien en deçà des objectifs.

Toujours est-il que les coûts du service des matières résiduelles ont connu une hausse très importante dans le budget de la MRC, ce qui se traduit par des quotes-parts toujours plus grandes pour les municipalités. La prise de compétences de la gestion des matières résiduelles a fait augmenter les quotes-parts chargées par la MRC aux municipalités de plus de 150% entre 2017 et 2018. D’abord établi à 2 298 959 $ en 2018, le coût annuel de la gestion des matières résiduelles par la MRC s’est accru considérablement avec l’implantation du compostage en 2021 et l’aménagement des écocentres en 2023, de sorte qu’il s’élève à 5 277 104 $ en 2025.

Alors que les coûts ont explosé partout au Québec à la faveur de l’augmentation des frais de transport, la MRC a réussi à stabiliser les siens en réduisant la fréquence de collecte des déchets, qui passera aux 3 semaines dès l’automne. Partout ailleurs, l’augmentation des coûts de transports a été d’environ 25 à 30% dans les dernières années. L’économie est donc substantielle, mais le désagrément pour le citoyen risque de l’être tout autant si celui-ci ne prend pas rapidement des habitudes pour améliorer la façon dont il gère ses déchets.

Avec la modernisation du recyclage, le réseau d’écocentres qui a été complété cette année et le service de collecte des matières organiques, le bac vert ne devrait normalement plus contenir grand-chose. Avec les changements en cours, la hausse des coûts pourrait enfin être maitrisée et on pourra éviter des coûts encore plus importants dans le futur en reportant l’échéance des futurs agrandissements du site d’enfouissement d’Hébertville-Station, qui se font à coût de dizaines de millions de dollars.