Se rendre jusqu’à sa zone de joie.

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Tous les jours, on rencontre des marcheurs le long de nos rivières ou en face du fjord. Valoriser l’activité physique comme antidote au confinement, se relier en construisant un dialogue avec la nature, telle est leur motivation. Quelle chance de vivre au Bas-Saguenay, la beauté y côtoie les rues principales, les montagnes entourent les lieux de vie. Il suffit de quelques pas et d’un peu de volonté pour s’élever de 100 mètres.

Au rythme de ce dialogue entre les mouvements et les changements de la nature, nous contribuons à nourrir notre bien-être quotidien.

Plusieurs développent leur fibre artistique en prenant des photos de la lumière sur la neige ou de la perspective magnifique d’un point de vue. D’autres immortalisent les paysages avec la peinture ou la poésie. Un dialogue entre nos états d’âme et les soubresauts de la nature supporte l’équilibre en nous. Cet échange ne remplace pas la présence humaine mais adoucit l’isolement. Le chant d’un oiseau éclaire une journée morne, un rayon de soleil à travers la glace illumine le cœur et oriente vers une vision positive.

Nous possédons le pouvoir d’accueillir et de transformer les sentiments douloureux par cet écho avec la nature grandiose.

 Blanche neige blanche

Un souffle, une plume au vent

La rose des vents au nord

Une oasis dans un désert blanc

Là où les poissons ondulent sous les dunes du fjord.

Elle marcha sur l’eau,

Silencieuse, drapée de mélancolie,

Auréolée de sa peine abrupte, de sa désespérance

Qui la brûlait comme un feu

La consumait sans relâche, son cœur en carence,

Son corps en cendres froides, avait réagi, si peu.

Elle leva les yeux,

Hypnotisée par la lame de neige, au loin sur la baie

 Kidnappée par la lueur

D’un soleil timide mais espéré.

Alors, elle mit ses skis

Passé les cabanes à pêche, passé la rumeur.

Seule, sur la plaine du fjord,

L’eau figée comme son mental,

Elle ne pensait plus. Elle avançait portée sur les eaux,

Portée par quelque chose de sidéral.

Puis arrivée à l’île, 

Sa désespérance grossit en colère,

en marée haute! L’eau immergea la glace

le long des flancs de l’île, créant un brise-lame.

Née de son audace,

Une plainte, forte et rauque, sortit de son ventre,

qui s’éleva comme une flamme.

Elle cria tous les tabous de la terre,

Toutes les douleurs des femmes millénaires!

Elle chanta pour toutes celles qui avaient perdu la voix;

Puis rendit son âme légère.

Blanche, neige blanche!

Un souffle, une plume au vent

Sa rose des vents au nord.

Une oasis dans un désert blanc.

Là où les poissons ondulent sous les dunes du fjord.

Grâce au plein air s’allègent ces situations où le confinement pèse. Dehors, même le temps gris devient beau avec ses différentes teintes anthracite mêlées de blanc.

Selon les recherches, l’activité physique procure plusieurs bienfaits, tels que réduire le stress, prévenir la dépression, favoriser le sommeil, renforcer le système immunitaire et préserver la santé des os.

Plusieurs études démontrent un lien étroit entre prendre conscience de la nature et la diminution du taux de cortisol, qui est une hormone associée au stress. Le plein air stimule les hormones du bonheur : soit l’endorphine et la dopamine, et augmente nos facultés créatives.

Bouger et activer sa vitalité en plein air permet de réduire l’anxiété et les ruminations, menant à des épisodes dépressifs. Quoi de mieux pour combattre le petit hamster qui tourne en rond dans la tête!

Le sommeil est meilleur après une activité physique parce que cela produit une fatigue saine et une détente mentale. De plus, la quantité de lumière naturelle absorbée vient régulariser le cycle circadien, l’horloge interne de l’être humain. 

Maintenant que l’on sait que l’immunité diminue avec l’âge, bouger à l’extérieur devient une habitude à instaurer, chaque jour.

Mais il est possible d’avoir un impact sur la santé mentale en osant ajouter un sens à la pratique des activités. Voici à ce sujet quelques éléments de solution tirés de l’article d’Alain Héroux, Sentiers de vie, publié dans la revue Géo plein Air (Volume 21, no 2).

« Il est possible de donner un sens plus profond à vos activités de plein air tout en demeurant les deux bottines sur terre!  Les conseils qui suivent vous aideront à mieux apprécier l’ici et maintenant.

  1. Affûter son acuité sensorielle.
  2. Sentir ce qui se passe à l’intérieur.
  3. Donner un sens à ce que l’on vit.
  4. Relier entre eux les éléments de réflexion.

Un rendez-vous avec la Nature nous ramène inévitablement à nous-mêmes en autant que l’on adopte une attitude d’écoute et d’ouverture. Afin de profiter de la dimension spirituelle du plein air, il ne s’agit pas d’adopter nécessairement un mode contemplatif passif. La course en montagne m’amène personnellement dans un état méditatif. Tous mes sens sont activés et mes soucis passent alors en second plan. Arrivé au sommet, je prends le soin de savourer le panorama, de visualiser tout le chemin parcouru et en reconnaître l’effort déployé. » (fin de l’extrait.)

Lorsque l’on s’engage dans une activité physique exigeant un effort soutenu et présentant un niveau de défi, on peut faire l’expérience du flow, décrit comme « être dans sa zone ». 

Selon Wikipédia, « en psychologie positive, le flow  ou la zone, se définit comme étant un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Pour atteindre le flow, il faut intensifier le sport pratiqué. Dans le flow, les émotions sont en pleine coordination avec la tâche qui s’accomplit. Le trait distinctif du flow est un sentiment de joie spontané, voire d’extase pendant une activité. »

Voilà le bonus car le flow permet d’accéder à des niveaux plus profonds d’introspection.

Aller au-delà d’un certain effort et vibrer du grand air, cela génère une saine attitude.   Jouer dehors apporte donc un moyen concret pour ressentir une force, un « empowerment » neutralisant le sentiment d’impuissance face à cette pandémie. 

Il est ainsi possible d’affirmer que de jouir du plein air est un appui solide pour la santé mentale.

« Sous les rayons obliques, les falaises se découpaient dans l’azur.

Les parois immobiles, se dressaient tels les piliers du temple. 

Le fil de l’eau lisse reflétait les palissades de roc, sans une ride.

Le kayakiste avançait si vite qu’il n’osait y croire; 

Il filait à vive allure.

La rivière osait dévoiler sa nature scintillante.

Rapide, en forgeant son rythme, la pagaie fendait l’onde,

Les mouvements harmonieux, en symbiose avec son corps,

tel un infime point sur le miroir,

le rameur ressentait une vague de joie profonde. 

Minuscule sur le Saguenay, ce mortel révélait son cœur candide

il se sentait comme un nain dans la paume du fjord. »