Les ponts couverts ont depuis longtemps la réputation d’être des joyaux du patrimoine architectural. Avec leur charme rustique et leur histoire fascinante, ces structures en bois suscitent l’admiration et l’émotion des visiteurs. Le pont couvert de Ferland-et-Boilleau, qui célèbrera bientôt ses 90 ans, ne fait pas exception à la règle.
L’histoire du pont couvert remonte aux années 1930-31, où un important mouvement de colonisation a lieu à Boilleau. À l’été 1931, de nouveaux colons arrivent chaque jour. Le rang cinq, autrefois connu sous le nom de chemin de la Société des Trente et entretenu par la Compagnie Consilidated, était alors un chemin praticable qui passait par le pont noir du rang Saint-André, ainsi nommé à cause de sa peinture. En continuant sur cette route, on pouvait apercevoir un moulin à scie fonctionnant à la vapeur, suivi d’un arrêt au milieu de la côte de la Bergère, aujourd’hui le lac Edgar, où les cochers faisaient reposer leurs chevaux et invitaient les passagers à se détendre. On passait ensuite près du lac de la Belle Truite et du lac Huard pour enfin arriver au petit lac Ha!Ha! Pour continuer la route vers le Parc des Laurentides, il fallait traverser ce lac en été, ce qui posait parfois des problèmes lors du dégel. Tobie Gagnon se chargeait alors de faire traverser les voyageurs en voiture sur un bac flottant.
En automne 1933, les travaux de construction du pont couvert de Boilleau débutent, bien que les eaux du lac Ha!Ha!, étant trop hautes au printemps, n’aient pas permis de finaliser la structure du pont. Il a donc fallu attendre la saison suivante, au printemps 1934, pour achever les travaux extérieurs. Environ quarante personnes ont été employées pour la construction du pont, avec de nouveaux travailleurs embauchés chaque mois. Les hommes étaient payés en coupons utilisables uniquement pour l’achat de nourriture. C’est Laurent Bouchard de l’Anse Saint-Jean qui en était le maître d’œuvre.
Le pont enjambe la rivière Ha Ha! sur le lot 32 des rangs 4 et 5, aujourd’hui sur la route 381 (anciennement route 56). Il est le seul pont couvert au-dessus d’une cascade près d’une petite chute formée par un barrage. De type Town élaboré, il a su conserver son charme et son authenticité au fil des décennies.
Au cours des années, le pont a été le témoin de nombreux événements et transformations. En 1968-69, un pilier de support a été ajouté à la rive gauche pour renforcer la structure qui montrait des signes de faiblesse. En septembre 1970, une réfection de la route 56 a nécessité la construction d’un pont de béton parallèle au pont couvert pour permettre le passage des camions. En 1973, la halte routière a été aménagée près du pont, à savoir qu’au Québec, il n’existait que 7 haltes routières près des ponts. En 1979, le pont a été peint en vert avec des garnitures blanches, un changement esthétique qui a marqué une nouvelle ère pour l’ouvrage. En juillet 1996, le déluge frappa la municipalité, passant ainsi sous le pont, qui lui, résista malgré son âge.
Au travers de ces évolutions, le pont continue d’attirer les visiteurs et reste au fil des ans le théâtre de nombreuses activités culturelles et sociales.
En 2010, le pont couvert a été fermé à tout usage en raison de son état dégradé. Le ministère des Transports du Québec a effectué une inspection l’automne dernier, mettant en lumière la nécessité de travaux importants pour préserver la structure.
Malgré les défis à relever, le pont couvert de Ferland-et-Boilleau demeure un symbole de mémoire collective et d’attachement au patrimoine local. Les générations se succèdent, mais l’histoire de cet ouvrage emblématique continue de fasciner et d’inspirer.
En 2024, à l’aube de ses 90 ans, le pont couvert de Ferland-et-Boilleau reste un témoignage vivant du passé. Sa rénovation et sa préservation sont essentielles pour conserver ce joyau du patrimoine architectural québécois. En espérant que des travaux de rénovation soient entrepris pour le préserver, afin qu’il puisse continuer de témoigner du passé et d’émerveiller les générations futures. Comme le souligne l’ex-maire Fernando Lavoie, il est important de conserver ces ouvrages extraordinaires qui témoignent du génie et du travail acharné de nos ancêtres.
En empruntant la route 381, les voyageurs pourront découvrir ce pont couvert chargé d’histoire et s’imprégner de l’atmosphère unique qui règne en ces lieux. Une visite qui ne manquera pas de susciter l’admiration et de raviver la fierté des Québécois pour leur riche patrimoine culturel.