Retour sur le colloque « Villes créatrices de santé » de l’UQAC

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Les arbres ont de multiples bienfaits sur la santé (anti-stress, oxygène, purification de l’air, favorise activité physique, etc.). Source : Arbres Canada

L’événement éco-conseil des étudiants au Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en éco-conseil de l’UQAC s’est tenu le 26 janvier dernier sous le thème « Villes créatrices de santé ». Cette journée, ponctuée de conférences, d’ateliers et de périodes d’échanges, offrait l’occasion de réfléchir à la question suivante : Comment une ville périphérique peut aménager son espace pour faire face à la question climatique afin de promouvoir une santé collective ?  Le colloque tombait à pic avec la thématique de ce numéro du Trait d’Union !

Dans le cadre de son plan d’action, En Mouvement Saguenay-Lac-Saint-Jean – Table intersectorielle régionale sur les saines habitudes de vie (TIR-SHV), cherche à renforcer l’engagement et la mobilisation du milieu municipal pour la création d’environnements favorables à la qualité de vie. C’est pourquoi ils ont offert 20 places gratuites aux acteurs municipaux (élu·es, employé·es municipaux) de la région pour l’inscription au colloque. La municipalité de Petit-Saguenay a saisi l’opportunité pour m’envoyer, en tant que directrice de développement, participer au colloque. J’étais accompagnée de Gabrielle Desrosiers de l’AGIR. Cet article est l’occasion de résumer ce que nous avons entendu au colloque et qui pourrait servir la santé collective de l’ensemble des communautés du Bas-Saguenay.

La journée du 26 janvier fut riche en apprentissages. Les conférenciers se sont succédé les uns aux autres pour discuter de santé, d’urbanisme, d’aménagement du territoire, de changements climatiques et même de médias. Parmi eux, il y avait : Johanne Elsener, présidente à Santé Urbanité ; Jérôme Martinez, coordinateur professionnel de l’équipe du Centre de référence sur l’environnement bâti et la santé (CREBS) à Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ; Louis Mazerolle, urbaniste à la firme Atelier Urbain ; Martin Lavallière, professeur et chercheur en kinésiologie à l’UQAC ; Émilie Lapointe, chargée de projet en agriculture urbaine et verdissement urbain à Eurêko ; des conseillers du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et de l’INSPQ.

Le colloque était axé sur les centres urbains, comme Ville Saguenay, mais de nombreuses idées ou savoirs peuvent tout de même s’appliquer ou se transposer à nos milieux ruraux. En premier lieu, selon une étude de l’institut canadien pour les recherches avancées, les soins de santé sont responsables à 25% de la santé d’un individu. L’environnement physique (cadre de vie, pollution, etc.) y est à 10%, l’environnement social et économique (salaire, habitation, activités, etc.) à 50% et la biologie et la génétique à 15%. Ainsi, les municipalités ont un rôle à jouer dans la santé collective au travers des aménagements, de l’urbanisme, des activités économiques, des loisirs et des sports qui font partie des environnements physique, social et économique mentionnés par cette étude.

Source : Canadian Institute for Advanced Research, 2002.

En outre, l’organisation mondiale de la santé (OMS) considère les changements climatiques comme la plus grande menace du 21e siècle pour l’humanité, mais la lutte aux changements climatiques serait aussi la plus grande opportunité d’amélioration de l’état de santé de la population mondiale. La menace se traduit par des vagues de chaleur, des inondations, l’apparition de nouvelles espèces de faune et de flore porteuses de maladies, les feux de forêt, ou encore la pollution de l’air. L’opportunité, d’un point de vue municipal, peut se traduire par un sentiment d’urgence déployant des moyens par le gouvernement en faveur de solutions porteuses pour nos petites collectivités rurales.

Tout au long du colloque, les conférenciers nommaient des pistes de solutions pour qu’une municipalité améliore sa santé collective. Nous pouvons nommer la modernisation des vieux poêles à bois pour limiter l’émission de particules fines, le verdissement et les canopées urbaines dans les centres villageois, les jardins pluviaux, l’accès public à des plans d’eau, la mobilité active et les transports collectifs, les unités d’habitation accessoires pour loger des aînés et favoriser la densification, le principe du design urbain universel (parasols, bancs assis/debout, toilettes publiques, déneigement des trottoirs, passages piétons, etc.) et la sécurité des déplacements, ainsi que les lieux de rencontre et d’échange nécessaires à la santé mentale. D’ailleurs la nouvelle Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT) propose de nombreuses actions en ce sens. Des financements seront ouverts au cours des prochaines années pour nos milieux.

Finalement, le colloque se terminait avec une présentation d’Olivier Niquet, que vous avez sûrement déjà entendu comme animateur à Radio Canada. Ayant fait des études en urbanisme, son sujet était : Le traitement médiatique des enjeux d’aménagement urbain est-il bon pour la santé ? Il constate que les médias ont tendance à utiliser la majorité silencieuse. Ils mettent en valeur les « coups de gueule » de citoyens mécontents, contre des pistes cyclables par exemple, pour faire de l’audimat. Ainsi, dans son discours, Olivier Niquet valorise les médias donnant la parole à tous et toutes et favorisant les initiatives bonnes pour la santé… En bref, continuez de lire le Trait-d’Union !