Attache ta toque

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Cela fait déjà plusieurs millions d’années que les plantes inventent toutes sortes de moyens pour répandre leurs semences dans ce vaste monde. Ainsi les érables, les frênes et les sapins produisent l’un des plus beaux systèmes hélicoïdaux du monde vivant. Quant à eux, les pissenlits, épilobes, asters et compagnie font de minis graines ornées de fines soies qui virevoltent au gré du vent.

Il y a aussi celles qui font du troc avec le règne animal : elles offrent friandises juteuses et aromatiques (fraises, bleuets, cerises, etc.) en échange d’un transport en système digestif avec dépôt de fumier au terminus. L’ours noir, le renard, la mouffette, l’humain, ainsi que plusieurs oiseaux sont friands de cette pratique. Dans cet ordre d’idée, certaines plantes de sous-bois, dont les trilles, entretiennent avec les fourmis forestières, une relation bien particulière. Elles produisent des graines dotées d’une masse de chair sucrée invitant les fourmis à les recueillir dans leur nid. Une fois ces bonbons bien grugés, les fourmis déménagent, laissant derrière elles un terreau des plus riches et aérés qui soit, au grand bonheur des trilles en devenir.

Certains végétaux (impatience, mitrelle, violette, etc.) utilisent même des concepts de physique pour propulser leurs semences à l’aide d’un effet ressort ou catapulte. Mais l’exemple le plus accrochant reste sans doute celui des « fruits velcro ». C’est le destin des chandails de laine et des chiens de répandre les progénitures des aigremoines, des benoïtes et des bardanes.

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La bardane (Arctium minus ou toque en québécois) est une plante originaire d’Eurasie qui s’est très bien acclimatée sur notre territoire et sur une bonne partie de la planète d’ailleurs. Il y a 400 ans, une toque a traversé l’Atlantique, prise dans une queue de cheval ou dans la barbe d’un marin. C’est une herbacée bisannuelle (qui fait son cycle de vie sur deux ans) classée dans la grande famille des Astéracées (Aster, Pissenlit, Marguerite, Tournesol, Laitue, etc.). La première année, elle se présente sous la forme d’une grande rosette de feuilles rappelant la rhubarbe. À sa deuxième année, une tige naîtra du cœur de la rosette pour déployer des fleurs rosées qui, une fois fécondées, offriront à la faune passante leurs adorables fruits très attachants, les toques.

Sous sa réputation de mauvaise herbe détestable, se cache un être vivant aux vertus culinaires et thérapeutiques d’une richesse surprenante. Son historique médicinal pourrait faire l’objet d’un livre en lui-même. En résumé, elle semble être une plante purificatrice et nettoyante, ce qui aurait plusieurs effets positifs sur l’organisme. Petite observation d’ailleurs, il y a presque toujours de la bardane sur des terrains dits contaminés. C’est aussi l’une des plantes les plus étudiées pour son potentiel anticancéreux. En cas de blessure ou morsure, le cataplasme de feuilles de bardane mâchées est tout indiqué.

C’est à l’automne de sa première année, alors qu’elle ressemble à un plant de rhubarbe, qu’elle mérite une attention particulière. Sous la terre, un trésor nourrissant vous attend. Mais attelez-vous car la récolte est assez sportive et on est souvent entouré de bardanes de deuxième année qui veulent tant vous offrir des petits souvenirs à ramener à la maison. Cette racine succulente peut prendre des proportions assez impressionnantes. Elle peut être mangée crue ou cuite mais je vous la conseille en frites comme ils la préparent au Japon. Petit fait intéressant, La bardane contient de l’insuline, un sucre recommandé aux personnes atteintes du diabète.

Alors pour terminer, je crois que les seules mauvaises herbes qui existent sont celles dont on ne prend pas le temps de s’ouvrir à leur beauté !