Développer autrement

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La jeune Camille aide son père Daniel Faucher de l'entreprise Au Cœur des bois. Crédit photo : Manon Landry

Pourquoi ce choix ?

Démarrer son entreprise en milieu rural comporte bien des défis. Pourtant plusieurs se lancent dans l’aventure et définissent même ce choix comme étant le seul possible. Enquête auprès d’une demi-douzaine de petites entreprises installées dans le milieu du Bas-Saguenay.

Shirley et Myriam Boudreault des Champignons du Fjord

Pouvoir vivre dans la région que l’on aime en a motivé plus d’un à devenir son propre patron, même si d’autres motivations viennent accompagner ce choix de vie : l’occasion de réaliser un projet du début à la fin, à son propre rythme, avec une certaine liberté, mais surtout faire ce que l’on aime. « Aimer ce que l’on fait vient avec de terribles avantages, de gros défauts aussi, mais ça se balance bien. Je le referais si c’était à recommencer. En plus, il y a la fierté de l’accomplissement, d’une réussite qui est bien plus satisfaisante étant donné qu’on est parvenu à le faire dans notre milieu ! »

Didier et David Gaudreault des Ateliers Bois de Fer. Crédit photo : Karyne Gagné

Le Bas-Saguenay semble en effet être une place propice, de nombreuses petites entreprises font preuve de créativité dans un milieu où beaucoup reste encore à faire. : « Les gens sont ouverts d’esprit, il y a déjà beaucoup de petits entrepreneurs, ce qui fait qu’il y a un savoir, un partage de connaissances, ce qui n’existe pas partout. D’avoir ça autour de nous, cet apport de la communauté, c’est vraiment une richesse. »

Lisa Lapointe et Jean Gobeil de l’épicerie OMNI à Saint-Félix-d’Otis

Les enjeux

Le petit salaire est nommé par tous comme un enjeu de taille, mais on s’aperçoit tout de même qu’aucun ou presque n’échangerait sa place. « Le fait de faire ce que l’on aime, de réaliser un rêve, de vivre une passion, cela nous aide à continuer sans trop calculer notre temps. » 

Pascale Boudreault, Marielle Huard et Julie-Vannessa Tremblay de la Coop Minuit moins cinq.

Le manque de main d’œuvre, cumulé au manque de logements disponibles à la venue d’une éventuelle main d’œuvre, ne facilite cependant pas la tâche de certains qui vivent même un stress. « La peur de ne pas avoir de personnel au moment voulu, pour la saison. Il se génère là une forme de stress, beaucoup d’entrepreneurs recherchent tous un peu le même style d’employés au même moment, alors réussir à trouver la perle rare, cela peut devenir compliqué … très compliqué en fait ! »

David Landman et Peter Conversano, nouveaux propriétaires de Kao Chocolat

Il y a bien sûr la clientèle qui, bien souvent, ne se trouve pas à la porte d’à côté mais à l’heure de l’internet, cela diminue tout de même bien des problèmes d’accessibilité.

Si j’étais président !

À ces entrepreneurs qui savent prendre leur avenir en main, l’occasion était trop belle pour ne pas en profiter et leur demander ce qu’ils feraient en priorité s’ils étaient à la tête du développement économique régional.

Claudia Labrèche et Nathalie Bilodeau devant leur boutique des Rebelles des Bois.
  • Baisser les impôts ! Dès qu’on sort un peu la tête de l’eau, cela coûte tellement cher !  Les grosses industries reçoivent des millions de dollars en subvention alors qu’il faudrait beaucoup plus encourager les PME. C’est quoi le moteur d’un village ! C’est ses entrepreneurs. Et grâce à eux, l’argent reste dans le milieu !
  • Il faudrait que le développement se tourne vers un projet de région alternative et biologique. On arriverait ainsi dans le XXI siècle en devenant une région modèle ! Cet enjeu-là est tellement plus important que tout le reste ! C’est vital ! Et en plus, on attirerait ainsi de nouvelles familles !
  • Avoir une vision Bas-Saguenay ! Si tout le monde se mettait ensemble, en payant un agent de développement économique pour faire rayonner la région, la force en serait tellement multipliée !
  • Pour être entrepreneur, il faut être créatif, suivre son instinct, savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Parfois, les mesures d’aide au démarrage d’entreprise ne sont pas assez flexibles pour permettre ce mouvement, elles sont peut-être un peu trop contraignantes. De plus, elles ne prennent pas toujours en considération la réalité saisonnière de certains projets. Bref, il faudrait que les instances régionales s’adaptent aux réalités différentes et particulières des régions.
  • Garder en santé le fjord qui est la colonne vertébrale de notre développement.

Merci aux Ateliers Bois de Fer, Champignons du Fjord, Au cœur des Bois, Kao chocolat, Omni Saint-Félix, la Coop Minuit moins cinq et les Rebelles des Bois.