L’hiver, à peine terminé, et c’est le retour depuis le sud de la gente ailée migratrice. Certains sont de passage et rejoindront des contrées plus nordiques, tandis que d’autres établiront leur nichée dans notre nature diversifiée.
Des espèces téméraires comme le junco ardoisé, le roselin pourpré, les bruants, sont déjà présentes malgré les températures incertaines.
Au fur et à mesure que le couvert de neige diminue et vient à disparaître, d’autres oiseaux font leur apparition : merle d’Amérique, corneille d’Amérique, quiscale bronzé, garrot, etc.
Il en est un qui se nourrit presque exclusivement d’oiseaux : le faucon pèlerin. C’est un rapace ou oiseau de proie, diurne, qui aime nicher en hauteur sur des parois rocheuses et à proximité de plans d’eau. Le fjord du Saguenay est donc un paradis pour les faucons pèlerins. On le trouve parfois en ville au sommet de grands édifices ou sur de grands ponts.
Deux sous-espèces sont présentes au Québec : Tundrius qui niche dans le Nord et Anatum en ce qui nous concerne.
Le Falco peregrinus anatum, de son nom latin, est environ de la taille d’une corneille. Il a le dos ardoisé ainsi que les ailes, longues et effilées et porte une sorte de casque d’aviateur noir se terminant en favoris (rayures malaires). La gorge et le haut de la poitrine sont blanchâtres, le dessous tacheté à l’horizontale. La queue est étroite, rayée, se terminant de blanc. L’anneau oculaire, la cire (au-dessus du bec), et les pattes sont jaunes. Le jeune a le dessus brun et le dessous très rayé à la verticale. Pour s’en rappeler, juVénile-Vertical.
La femelle est environ 1/3 plus grosse que le mâle, appelé parfois tiercelet.
L’entaille du maxille (ou dentinule), dans la partie supérieure du bec, est spécifique aux faucons. Cela leur permet de sectionner les vertèbres cervicales, et ainsi tuer la proie « proprement ».
Le mâle arrive sur le site de reproduction avant la femelle, prend possession de la paroi et chasse les intrus avec vigueur. La femelle le rejoint ensuite et c’est le début de la parade nuptiale et des accouplements aux alentours de début mai. La ponte se fait à partir de mi-mai. Survient ensuite l’éclosion environ 1 mois plus tard.
En ce qui concerne l’envol, il faudra attendre la fin juillet. C’est le début de l’apprentissage de la chasse. Pour ce faire, les adultes lâchent une proie en plein vol et stimulent le jeune afin qu’il la récupère. Les juvéniles s’entraînent avec des branches, des têtes d’arbres, afin de saisir leur proie imaginaire.
Les jeunes dépendent encore des parents peu avant la migration qui débute à la mi-septembre.
Capable de repérer un passereau à plusieurs kilomètres (eh oui!), le pèlerin est équipé d’une vue remarquable qui utilise la moitié du cerveau et peut percevoir 3 zones : une frontale en relief et deux latérales lointaines.
En chasse, il fonce sur une proie à des vitesses de 130 à 200 km/h, serres premières, la saisit ou l’assomme puis la récupère généralement en vol.
En piquet, il peut atteindre plus de 300 km/h.
Le DDT, un pesticide, fût en grande partie responsable de sa presque disparition dans les années 1970. Il en résultait, entre autres, une fragilité de la coquille, qui affaiblissait le pouvoir reproductif.
Le Parc national du Fjord-du-Saguenay, dont l’emblème est le faucon pèlerin, effectue des inventaires chaque année depuis 1990 (une augmentation de la population a été remarquée depuis) et protège les nichées et l’habitat de choix, avec ses parois escarpées et une nourriture abondante.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les prouesses de cet habile chasseur.