Rivière Petit-Saguenay : petite histoire d’une grande rivière à saumon !

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« À l’époque quand les messieurs venaient pêcher, les gens du village les appelaient les américains ! Mais c’était des anglophones de Montréal, de Westmount, des actionnaires de la compagnie Price. », annonce en partant Joël Côté.

En le rencontrant au Léz’Art de Petit-Saguenay, on s’aperçoit très vite qu’il sera impossible de parler de rivière à saumon sans parler de la famille Côté. « Les descendants de David Côté ont tous un lien avec les rivières à saumon au Bas-Saguenay. Mon arrière-grand-père, Patrice Côté, fils de David, c’était le gardien de la rivière à L’Anse-Saint-Jean. Et tous ses descendants ont travaillé là. À Petit-Saguenay, c’était Charles Côté, également fils de David, père de Charles-Arthur et grand-père d’Élias, qui sera encore à la rivière cet été. Fait que, c’est toute la même branche de Côté qui s’occupait de la pêche au saumon dans le Bas-Saguenay. Un savoir qui se transmettait dans la famille faut croire ! »

La paroisse de L’Anse-Saint-Jean, plus ancienne, a été arpentée avant 1884, avec, c’est certain, de nombreux lots sur le bord de la rivière. Quand l’arpentage datait d’avant 1884, tu avais le droit à l’eau jusqu’au fil de l’eau. Les Price, à L’Anse-Saint-Jean, ont ainsi racheté des morceaux de terrain en bordure de la rivière, notamment dans le coin de l’actuel Bistro, mais aussi du côté des chutes, en haut du camping 4 Chemins. Par contre, à Petit-Saguenay, le seul lot qui a été arpenté avant 1884, c’est celui à l’embouchure de la rivière, où se trouvait le moulin à François Guay.

En découle une exploitation différente pour les deux paroisses. À Petit-Saguenay, les droits de pêche étaient octroyés par le gouvernement directement, il les louait. Vers le milieu des années 60, il y a eu contestation populaire, le monde voulait avoir le droit de pêcher aussi. Ils ont présenté un mémoire au ministre du tourisme, de la chasse et de la pêche de l’époque. « Le début de la fin des clubs privés, poursuit Joël Côté, et à Petit-Saguenay, ils pouvaient le faire sans expropriation, il suffisait d’acheter les chalets sur le terrain. »

En 1966, le gouvernement a alors décidé de faire des réserves fauniques avec trois rivières à saumon du Québec, les rivières Matane et Sainte-Anne en Gaspésie, et celle de Petit-Saguenay. Ce sont les trois premières rivières publiques du Québec. On n’était pas encore à l’époque de la conservation de la faune, le gouvernement décrétait et recevait des redevances, mais il ne s’occupait pas de la conservation des rivières.

« En tant que réserve faunique, on recevait un montant annuel du gouvernement, ce qui nous permettait de développer les activités autour de la rivière (les chalets, le camping, le canotage, la randonnée pédestre, l’interprétation). À la fin des années 80, 90 on a même déclenché le mouvement des patrouilles bénévoles pour lutter contre le braconnage, la ressource était devenue fragile. Elle l’est encore d’ailleurs. »

Depuis 2002, la remise à l’eau des grands saumons (+ de 63 cm) est obligatoire. Le taux de retour du saumon reste incomparable avec le début des années 80, il a même chuté de plus de 50 %. Les changements climatiques, la fonte des glaciers, toute l’eau douce et froide que cela amène dans l’océan, cela débalance l’écosystème du saumon.