La soirée organisée par L’AGIR a permis à une quarantaine de personnes de discuter autour d’un enjeu économique majeur pour la région, l’avenir du Mont-Édouard. Suite à une présentation coanimée par Camille Carle de l’AGIR et Marc-André Busque, Directeur Général de la station, une discussion en sous-groupe a permis à une quinzaine de jeunes de L’Anse d’énoncer une panoplie de belles idées.

Il est vrai qu’ils ont toutes et tous skié la montagne dès leur plus jeune âge ! Alors pourquoi pas écouter ce qu’ils ont à nous proposer !
La présentation des grands

Marc-André Busque expose, à l’aide de graphiques clairs et précis, quelques chiffres et technicalités de ce que représente la gestion d’une montagne de ski : nombre de journées ski, provenance des skieurs, sécurité et entretien des remontées mécaniques, portrait financier. « Je peux vous dire qu’actuellement la station du Mont-Édouard est en bonne santé financière. L’année 2023-2024 a été la 2e plus chaude des 105 dernières années et malgré tout, on a réussi à retirer un BAIIA positif de 93 000 $. Le BAIIA (Bénéfice Avant Intérêts Impôts et Amortissements), c’est ce que l’on appelle le bénéfice lié aux activités d’exploitation ! S’il y a de la dette à payer, elle n’y sera pas calculée dans le BAIIA. Pour l’instant, 2024 – 2025 semble être plus normale », se réjouit Marc-André qui nous apprend enfin que cette fameuse dette annuelle d’environ 200 000 $ qui pèse sur la montagne s’achève en avril 2026, comme cela avait été mentionné lors de l’AGA du Mont-Édouard, en novembre dernier.
60 % de la clientèle du Mont-Édouard est extra régionale, et dans la haute route c’est 80 % des skieurs qui viennent de l’extérieur de la région.
De son côté, Camille présente les six groupes qui ont envoyé le 10 janvier dernier une lettre d’intention à la municipalité, deux propositions avec une vision communautaire et quatre autres de nature privée. (Sa présentation est disponible sur le site internet de l’AGIR). Ces six groupes ont maintenant 6 mois pour déposer un plan d’affaires qui sera étudié par la municipalité, via un groupe d’experts qu’il reste à nommer.
Une période de questions

Camille animera toute la soirée avec dynamisme et ouverture. Les questions des jeunes et des adultes présents ont permis d’approfondir certains concepts et enjeux auxquels la montagne fait face. Ainsi tous les participants étaient outillés pour discuter du sujet sur un même pied d’égalité d’accès à l’information. Par exemple, un résident de L’Anse s’interroge sur la sécurité des remontées, et on lui répond qu’à la station travaille depuis plusieurs années une sommité en termes de remontées mécaniques, c’est le directeur des opérations, Isaac Gingras. Étant dans l’industrie depuis plus de 20 ans, il a effectué le déménagement, l’installation, l’entretien et la maintenance de nombreuses remontées mécaniques. C’est également lui que l’ASSQ (Association des Stations de Ski du Québec), appelle pour former les techniciens de remontées partout au Québec !
Place aux jeunes !
Pour faire suite à cette présentation d’un peu plus d’une heure, Camille propose la création de 3 sous-groupes qui devront répondre à ces deux questions :
- Si on vous remettait les clés du Mont-Édouard demain matin, que feriez-vous?
- Comment vous sentez-vous concernés par l’avenir de la montagne?
L’équipe de l’AGIR et les animatrices de la Maison des jeunes du Bas-Saguenay étaient présentes sur chacune des tables pour s’assurer du bon déroulement des discussions. Un ou une porte-parole par groupe est ensuite désigné.e afin de partager ce qui avait été discuté.
Elven, 12 ans
« On voudrait développer la passerelle et les sous-bois. On aime les jumps et les drops naturels ! La montagne, c’est un lieu rassembleur, on aime les yourtes, et on préfère un investissement dans la montagne plutôt que dans le chalet ! Les pistes sont variées, et nos préférées sont la 1.5, la vallée des Bouleaux, le snowpark. Il faudrait aussi penser à du ski nocturne. Aussi, on aimerait une cafétéria moins chère et abordable. »
Maël, 15 ans
« En équipe, on a décidé que si on avait les clés du Mont-Édouard, on mettrait plus d’argent dans attirer le monde que dans l’expérience des skieurs qui, à notre avis, est déjà très bonne. Donc oui c’est sûr qu’il faudrait mettre de l’argent dans les pistes et tout, mais on mettrait le strict minimum, pis on essaierait à la place de créer des événements au Mont-Édouard et de permettre des transports aux gens qui viennent de plus loin, comme ça commence à se faire déjà, pour augmenter le nombre de skieurs qui fréquentent la montagne, et donc les revenus. »
« Le transport, ça serait aussi pour les locaux, comme mettons à Petit-Saguenay où je connais beaucoup de mes amis qui ne viennent pas la fin de semaine parce que justement y’a pas de lift, parce que c’est pas tous les parents qui sont intéressés par le ski. C’est comme ça que nous ici on a commencé à faire du ski, c’est surtout grâce à nos parents ! »
« Oui augmenter les transports, pour les gens qui voudraient venir, pas forcément toutes les semaines, mais lors d’événements qui pourraient attirer le monde, comme mettons le splash, le Festi-télémark, des trucs comme ça. Il faudrait qu’il y en ait plus ! »
Gabrielle, 16 ans
« Mettons l’idée générale qu’on voudrait garder, c’est l’ambiance de la montagne. On trouve qu’on a vraiment une belle ambiance, c’est ça qui amène le monde, qu’il trouve ça hot de rester, l’après ski, la musique. Pis aussi le fait que nous autres, la plupart, on a appris le ski au Mont-Édouard, on est sorti avec des médailles, des affaires de même, et ça c’est sûr, sûr, sûr faudrait garder ça. Y’a nos parents oui, mais y’a l’école aussi qui nous a appris à connaitre la montagne. Ici c’est chez nous, notre 2e maison quasiment, on vient dormir en haut du Mont-Édouard à chaque année, on aime vraiment ça être ici, on passe la fin de semaine là. Et pis, de voir autant de jeunes à la montagne, ça donne le goût au monde qui arrive de rester …ça augmente l’ambiance ! »
Louann, 17 ans
« Pour que les gens viennent et restent, on a imaginé une Auberge avec des dortoirs. Ça serait peut-être plus accueillant, plus convivial Tu viens en gang, ça garde l’aspect chaleureux, communautaire, tu peux venir en groupe et avoir du fun ensemble ! On parle du ski de soirée, ben mettons que juste le spot là-bas de l’ancien snowpark, ça devienne le lieu de ski de soirée ! Faut réfléchir à ça. À défaut d’éclairer toute la montagne, au début ça serait juste ça ! Juste l’ancien snowpark, ça serait déjà une belle ambiance, de la musique, des jam en soirée, des événements comme ça ! »
Éliot, 16 ans
« On a discuté mais on n’a pas sorti d’idées vraiment claires, mais on a quand même 2 petites réponses qui je trouve font la job et qui sont assez sensées. Donc pour la première question, si on se fait remettre les clés de la montagne, et bien pour le long terme, on serait beaucoup dans une croissance pas trop radicale mais plutôt stable. Avec un développement 4 saisons comme pour le vélo de montagne qui, d’année en année, attire de plus en plus de monde. En étant remarquable aussi – ici je vais reprendre des idées déjà mentionnées – avec l’organisation d’événements ! Ça peut faire vraiment une montagne qui se démarque des autres, qui attire plus de monde et d’après moi, ça serait le bon chemin à prendre pour justement aller vers un équilibre. »
Pour la 2e question, nous on est vraiment concerné par l’avenir de la montagne, on n’a pas comme une obligeance, mais plutôt un grand attachement avec beaucoup de nos parents et de nos grands-parents qui ont participé à la création du Mont-Édouard. C’est comme un devoir moral, ben pas moral, mais un devoir éthique, de continuer ça, et que ça reste … pas une entreprise, mais une attraction locale, gérée par des gens d’ici, dans le sens où ça a été créé par les gens d’ici ! Une sorte d’OBNL.
Ça serait vraiment une belle affaire qui pourrait être gravée dans l’histoire de L’Anse-St-Jean. D’après moi, ça serait une belle opportunité de continuer sur la lancée des bâtisseurs parce que ça va être nous qui allons devoir reprendre ça dans le futur ! »
Pour conclure ce texte sur cette belle initiative, il est à souligner qu’à la demande des jeunes présents lors de cette soirée pensante, l’AGIR organisera des séances d’informations mensuelles sur l’heure du midi à l’école Fréchette pour y présenter l’actualité sur le sujet.