Récemment, des citoyens du Bas-Saguenay préoccupés par les impacts anticipés de trois grands projets industriels, en amont du fjord, ont fondé un groupe à vocation régionale appelé Collectif du Bas-Saguenay. D’autres groupes de citoyens inquiets se sont aussi formés ailleurs au Saguenay, dont la Coalition Fjord qui a fait parler d’elle jusque dans les médias nationaux. Pourquoi un tel branle-bas de combat ? Décrivons d’abord ce qui s’annonce.
Trois complexes industriels pour produire
1) du ferrovanadium (alliage utilisé dans la production d’acier renforcé) que Métaux BlackRock produirait dans une énorme fonderie qui serait construite à environ 5 km de La Baie ;
2) un concentré de phosphate (utilisé dans les engrais chimiques) qui serait exporté via un nouveau terminal maritime qu’Arianne Phosphate prévoit construire près de Ste-Rose-du-Nord ;
3) du gaz naturel liquéfié (surtout du gaz de schiste) qui arriverait par un nouveau gazoduc de 750 kilomètres jusqu’à l’usine de liquéfaction qu’Énergie Saguenay veut ériger près d’un nouveau port méthanier, qui serait lui aussi établi à proximité de La Baie.
Durant leur phase de construction, ces projets donneraient de l’emploi à des milliers de travailleurs, dont une bonne partie viendrait de l’extérieur de la région, à cause des compétences pointues requises et de la pénurie chronique de main-d’œuvre affectant le Saguenay depuis 2 ans.
Comme on peut se l’imaginer, il est difficile pour de nombreux élus locaux et nationaux de se montrer réticents à l’égard de tout cela. Ils disent faire confiance aux évaluations environnementales auxquelles ces projets ont été ou seront soumis, et souhaitent qu’ils respectent les principes du développement durable. Toutefois, aussi alléchantes soient-elles, les retombées économiques et fiscales potentielles de ces projets ne doivent pas nous empêcher d’examiner les nombreux impacts à prévoir sur la santé des résidents des secteurs visés, sur la qualité de l’appel touristique de notre région, sur les bélugas fréquentant le fjord, et peut-être aussi sur l’ensemble de l’écosystème marin de ce joyau naturel qu’un parc national est censé préserver.
Il faut savoir que des spécialistes de Pêches et Océans Canada estiment que le trafic maritime triplerait dans le fjord à environ 1300 transits par année (32 500 sur 25 ans), une fois ces projets réalisés, ce qui aurait un impact majeur sur la survie à long terme du béluga. Ce qui inquiète le plus, ce sont les 3 à 4 gigantesques méthaniers qui chaque semaine feraient l’aller-retour dans le Saguenay. Les puissants moteurs de ces navires génèrent en effet un vacarme assourdissant sous leur coque. Selon ces mêmes spécialistes, cette pollution acoustique pourrait menacer la survie du béluga dans le fjord et le fleuve. De plus, le risque de collisions avec des baleines augmentera forcément. La disparition des bélugas et une présence plus rare des baleines à Tadoussac auraient de sérieuses répercussions sur notre industrie touristique, sans parler du triste sort réservé à ces intelligents mammifères marins.
Plus de 100 000 personnes fréquentent annuellement le Parc national du Fjord-du-Saguenay, et bien plus en incluant l’ensemble de la clientèle touristique attirée par le fjord. La menace que ces grands projets industriels pose est bien réelle. Sommes-nous prêts à sacrifier tout ce qui rend notre région si belle et attirante sur l’autel d’un développement économique insoutenable à maints égards ?
Ce dossier préoccupant sera développé dans le prochain numéro du Trait d’Union, mais on peut déjà s’informer sur les divers enjeux cités plus haut – et d’autres sur le site internet http://collectifdubassaguenay.ca ou sur la page Facebook du Collectif du Bas-Saguenay.
Enfin, toute personne intéressée à s’y joindre sera accueillie à bras ouverts !