Victorien Côté et Florence Lavoie, que du bonheur !

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S’ils ont laissé le Transmontagne depuis plus de 25 ans maintenant, Florence Lavoie et Victorien Côté restent toujours très impliqués dans la communauté. C’est peut-être de là qu’il vient aussi, ce sentiment de bonheur tranquille que l’on ressent en les rencontrant !

Le 21 juillet 1954, Victorien Côté de L’Anse-Saint-Jean et Florence Lavoie de Petit-Saguenay se mariaient. 62 années plus tard, entourés de leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, la vie continue de les gâter. « On a de l’agrément, les enfants sont proches de nous, on est en santé et on est encore dans notre maison ! On est chanceux, on a encore tout notre génie ! s’exclame Florence Lavoie. »

Florence est née il y a maintenant 86 ans à Petit-Saguenay, dans la maison à côté de l’Auberge du Jardin. « Mon père était journalier. Nous autres, on n’était pas riches ! Mais il n’y en avait pas beaucoup de riches dans ce temps-là ! On restait voisins d’un cultivateur et on trouvait qu’eux autres, ils avaient du lait, du beurre, de la viande alors que nous, il fallait l’acheter, se souvient madame Lavoie. »

Après avoir été jusqu’en 9e année, celle qui aimait bien l’école s’en va travailler comme préposée au bénéficiaire à Saint-Jean de Dieu, l’hôpital psychiatrique de Montréal. L’asile accueillait alors 5000 personnes et chaque préposée était responsable d’une salle de 100 malades. « Il y avait une sœur qui habitait au pied des côtes à L’Anse-Saint-Jean, sœur Ernest. L’été elle venait recruter, elle cherchait des filles pour travailler avec elle à Montréal, apprend-on en écoutant Florence Lavoie se souvenir. »

Florence Lavoie devant l’hôpital Saint-Jean de Dieu.

Passer de la vie à Petit-Saguenay à un dortoir de 60 filles qui travaillent à l’hôpital, voilà toute une transition ! Celle qui semble ne pas avoir été bousculée de la situation commente : « Moi où est-ce que je raccrochais mon chapeau, j’étais chez nous ! J’étais pas ennuyeuse. »

Florence Lavoie a travaillé 5 années à Saint-Jean de Dieu et revenait l’été à Petit-Saguenay. C’est d’ailleurs un de ces étés qu’elle rencontre Victorien Côté. « J’ai été élevé ici, au pied des côtes, à L’Anse-Saint-Jean. On avait une ferme, avec des vaches, un poulailler, des cochons. J’ai toujours travaillé sur la ferme et l’hiver je faisais les syndicats, dans le bois, raconte Victorien du haut de ses 87 années bien occupées. Quand j’ai rencontré Florence, je suis allé deux fois à Montréal la visiter. »

Le père de Victorien, Conrad, a travaillé 42 ans pour les Price, il était gardien de saumon. Et l’hiver, il allait dans le bois comme les autres, et puis ce sont ses fils qui ont pris la relève.

Quand Florence et Victorien se sont mariés, les beaux-parents sont restés vivre 13 années avec eux. Conrad s’occupait de la ferme pendant que Florence élevait ses six enfants. Quand le père est devenu plus vieux, Victorien a arrêté le syndicat : « J’avais des lots icitte, alors je faisais du bois sur la terre avec mon cheval et je m’occupais de la ferme. »

Quand son père est devenu plus vieux, Victorien a arrêté le syndicat pour s’occuper de la ferme.

C’est en 1972 que le couple décide de s’occuper du Transmontagne, un relais de motoneigistes sur le chemin de la Zec de L’Anse-Saint-Jean. À cette époque les gouvernements donnaient des subventions pour construire des relais de motoneige. Victorien a travaillé sur les sentiers et c’est avec le bois ramassé que le Transmontagne a été construit par les gens du village.

« J’ai commencé pour un soir, commente Victorien … et on est restés là 20 ans ! poursuit Florence. La première fin de semaine, on a fait un cash de 35 $. À 10 cents la liqueur, ça en fait du monde ! »

À cette époque, il y avait le Colibri, la salle de danse au coin des routes, le club nautique à la marina, un bar au cœur du village et le Transmontagne et ça se remplissait toutes les fins de semaine ! Florence se rappelle : « Ici la maison était pleine, quand on a 6 enfants, pis que le voisin en 9 ou 10, ça fait qu’on n’avait pas de misère à remplir la place ! Il n’y avait pas la télévision non plus ! Quand on a eu la télévision, mon plus vieux, Urbain, avait un an, ça fait 59 ans et on avait juste le poste de Rimouski ! Certaines fins de semaine, on avait jusqu’à 3 noces mais maintenant ça se marie plus ! »

S’ils ont laissé le Transmontagne depuis plus de 25 ans maintenant, Florence Lavoie et Victorien Côté restent toujours très impliqués dans la communauté. C’est peut-être de là qu’il vient aussi, ce sentiment de bonheur tranquille que l’on ressent en les rencontrant !