Combien de fois avez-vous entendu un ami dire « C’est l’heure de l’apéro quelque part dans le monde » et ouvrir une bière, même à 10h le matin. Cette façon d’excuser une propension à l’abus d’alcool est de plus en plus fréquente dans la tranche d’âge des 55 ans et plus et des retraités.
Ils étaient des travailleurs compétents, avec un agenda chargé qui bossaient dur pour gagner leur salaire. Après 30 ans de loyaux services, ils se retrouvent du jour au lendemain, entre 4 murs avec une épouse qui ne les avait pas constamment « dans les pattes ». Ces épouses qui avaient apprivoisé le silence d’une longue journée sans enfants et mari ; ces femmes qui avaient consacré plusieurs heures à faire du bénévolat pour toute sorte de causes, les unes plus intéressantes que les autres ; ces femmes qui cousent, tricotent, tissent, cuisinent et développent un cercle d’amies participant aux mêmes moments de loisirs.
Que font-ils ces hommes qui ne se lèvent plus le matin très tôt pour aller au bureau ou à l’usine ? S’ils ne se donnent pas des objectifs pour réaliser tout ce qu’ils rêvaient d’entreprendre pendant leurs dernières années actives de travail, ils sombrent dans l’ennui et se retrouvent à siroter une petite bière devant les émissions guimauve d’après-midi. C’est souvent le lot de l’homme retraité qui ne s’est pas préparé à combler, de manière intéressante, tous ses nombreux moments de loisirs.
Au tout début de la retraite, ils boivent modérément en tant que buveurs sociaux, mais plus les mois s’accumulent, plus la revente des bouteilles et des canettes leur rapporte.
Actuellement au Canada, il y a 11 à 14 % des aînés qui vivent un problème d’alcoolisme et parmi ce pourcentage, 60 % sont des hommes. Toutefois, il y en a fort probablement beaucoup plus car les symptômes de l’alcoolisme sont très proches de ceux reliés aux problèmes de vieillissement : insomnie, problème de digestion, dépression, perte de mémoire, etc. Avec l’augmentation de la population aînée, il y a fort à parier que ce pourcentage s’accentuera de manière significative dans les dix prochaines années.
Mais à quel moment doit-on commencer à s’interroger sur une surconsommation d’alcool. Si une bière ou un verre de vin représentent chacun une consommation : 35 consommations/semaine, c’est une situation alarmante à laquelle la personne doit s’attaquer. Comment faire pour interrompre le cercle vicieux de l’alcool consommé en abondance ? Une des avenues la plus prometteuse est la participation à des séances d’aide données par les AA (Alcooliques Anonymes) car ces rencontres peuvent motiver les participants à adopter une conduite plus responsable.
Une autre méthode pour rompre avec l’ennui et par conséquent avec la boisson est de s’obliger à entreprendre et à mener à bien des projets. Ce peut être repeindre une pièce qui demande à être rafraîchie ; changer une cloison de place tout en sachant qu’il y a plusieurs étapes à faire pour aboutir à un nouvel espace ; aider sa ou son conjoint(e) à faire le grand ménage du printemps ; fouiller dans un livre de recettes pour se faire une surprise au souper ; faire un jardin ou planter des vivaces autour de la maison ; commencer à jouer au bridge ; s’inscrire à la FADOQ et participer aux activités hebdomadaires du Club de sa municipalité ; effectuer de petits travaux pour des voisins; recommencer à fréquenter de vieux amis dans des activités communes comme les quilles, les cartes ou la pétanque.
En définitive, sortir de la maison quand l’ennui s’installe plutôt que de céder à un petit verre d’alcool ; aller marcher, suivre des cours de n’importe quoi, anglais, espagnol, peinture, sculpture car le fait d’apprendre alimente la vie psychologique des personnes plus que n’importe quoi et éloigne l’âgisme dans sa version la plus négative.