Madame Louiselle, une femme de cœur.

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Louiselle Tremblay est née le 2 juin 1935 à L’Anse-Saint-Jean sur le chemin de Périgny, dans un camp de bois rond. Son père, Azarias Tremblay, fils de Joseph Tremblay et de Marie Martel, a par la suite construit une maison sur le chemin des Côteaux. Avec sa femme, Jeanne d’Arc Martel, fille de Wilfrid Martel et de Marie Côté, ils ont eu 4 enfants. « Le premier bébé est décédé à la naissance et le 3e avait seulement 14 mois. Ensuite, c’est mon père qui nous a quittés, j’avais 3 ans et ma petite sœur Céline, 3 mois. On est alors allés vivre deux années chez Horace Dallaire et ma tante Louisiane Martel avec maman, toujours sur les côtes. » se souvient très bien la femme de 84 ans.

Le père de madame Louiselle, Azarias Tremblay à droite sur le photo.

Quand la petite Louiselle a eu 5 ans, sa mère Jeanne d’Arc a connu un veuf, Grégoire Houde, qui restait à Saint-Antoine. Ce natif de Petit-Saguenay se mariait alors pour la troisième fois ! « Avec sa première femme, il avait eu 5 enfants, la 2e, deux enfants, et avec ma mère, ils ont eu ensemble 6 autres enfants ! Germain Houde, l’acteur, c’est mon frère de mère ! C’était le bébé, le petit dernier, maman l’a eu à l’âge de 41 ans ! »

Grégoire Houde était natif de Saint-Antoine.

Grégoire Houde était cultivateur. Il avait deux chevaux, plusieurs vaches. « Il n’y avait pas de tracteur dans ce temps-là. On était des cultivateurs, mais on n’était pas vraiment riches. Mon père, c’était un jobbeur. L’hiver, il allait travailler dans les camps pour faire de l’argent. Il montait avec ses chevaux et il redescendait au printemps, il travaillait sur les chantiers à Jos Houde. On avait toujours de quoi manger, mais ça nous prenait de l’argent aussi. On ne pouvait pas engager des filles pour aider maman à la maison avec tous ses enfants, alors j’ai arrêté l’école au milieu de la 7e année ! »

Jeanne d’Arc Martel et sa fille Céline

Quand elle a quitté l’école pour aider sa mère à la maison, Louiselle avait juste 14 ans. Tous les étés, elle aimait retourner sur le chemin des Côteaux, à L’Anse-Saint-Jean. « Je débarquais chez monsieur Johnny Gagné et je montais à pied ! Que ça sentait bon ! J’allais passer une semaine chez Jacqueline, ma cousine. » Mais quand on lui demande quel est le plus beau souvenir de son enfance, elle pense aussitôt au mois de Marie. « Je me rappelle, à la fin des classes, les voisins venaient et on priait tous ensemble, on chantait le mois de Marie, le mois de mai. Et puis, le samedi et le dimanche, on partait toute la gang, avec le bébé dans les bras, on allait tous à l’école pour le chapelet de 7 h 00 le soir. »

Louiselle a ensuite travaillé chez Almas Boudreault, sur la rue Tremblay. Sa femme Germaine, c’était une sœur à Grégoire Houde. « Ils avaient un magasin de linge et je les aidais à la maison, je cuisinais, repassais, et de temps en temps, je pouvais aller au magasin, surtout dans le temps des fêtes. Je me rappelle, Almas, il avait un atelier de bois de l’autre bord de la rue où il faisait des châssis, des portes, des commandes pour les gens du village. Quand je suis sortie de là, c’était pour me marier. »

Le mariage de Louiselle et Émile a eu lieu dans le sous-sol du couvent en 1956.

Émile Fortin, son mari, elle l’a rencontré sur le chemin, il était en auto, et l’a invitée à faire un tour. Ils se sont fréquentés 14 mois avant de se marier, le 7 juillet 1956. « Je venais juste d’avoir 21 ans, l’église avait brûlé durant l’hiver, entre Noël et le jour de l’An, alors on s’est mariés au sous-sol du couvent. »

Après leur mariage, Émile et Louiselle ont fait bâtir leur maison, celle où elle reste encore maintenant, sur la rue Dumas, à côté de chez Hippolyte Fortin et Geneviève Gagné, les parents de son mari.

« Mon mari Émile, c’était un mesureur de bois. Il a travaillé à la scierie de Jos Houde. On a eu 5 enfants ensemble, 4 filles, et un garçon que j’ai appelé Azarias comme mon père. De l’autre bord de la maison, j’avais un grand jardin, celui de mon beau-père Hippolyte que j’ai repris quand il est décédé. J’avais tellement de légumes que j’en vendais. Les gens du village, ils n’avaient pas tous des jardins, on n’avait pas tant d’épiceries, alors ils venaient s’approvisionner en légumes frais et les enfants allaient les livrer en bicycle. »

Madame Louiselle vendait ses beaux légumes aux gens du village.

Madame Louiselle a également fait beaucoup de bénévolat pour le Mouvement des Femmes Chrétiennes. « J’ai commencé à m’impliquer à l’âge 35 ans. Je suis devenue responsable de paroisse, puis de tout le secteur, de La Baie jusqu’à Petit-Saguenay. Avec le Mouvement des Femmes Chrétiennes, on aidait les femmes à devenir autonomes, à donner leur opinion, à parler au Je, à s’informer de ce qui se passait dans la paroisse, à sortir de la maison. Je donnais des ateliers dans les villages alentour, de Rivière-Éternité, L’Anse-Saint-Jean et Saint-Félix-d’Otis. Il y avait des chicanes des fois, mais je mettais pareil le monde autour de la même table, et on discutait. Je faisais aussi de la formation à des femmes de La Baie pour qu’elles puissent donner des ateliers. J’allais rencontrer des femmes que je ne connaissais pas, je montais avec la ligne, on avait un transport avant, et je débarquais à La Baie. À 53 ans j’ai arrêté et j’ai commencé à travailler à l’Auberge du Jardin, à côté de chez nous. »

Madame Louiselle a également fait beaucoup de bénévolat pour le Mouvement des Femmes Chrétiennes.

Madame Louiselle aurait pu, s’il avait déjà existé, écrire des chroniques dans le Trait d’Union, à œuvrer ainsi auprès des femmes dans les différents villages du Bas-Saguenay. Et même si cela n’était pas toujours évident dans certaines paroisses, rien ne pouvait entamer son enthousiasme. Merci madame Louiselle pour votre implication dans notre communauté.